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sachamoule

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19 avril 2006

Chapitre 1er : Robin Dubois

A peine avait-il fini sa phrase que le féroce animal fondit sur lui. Michel Tasseur se défendit comme un beau diable jusqu'au moment où le lion de la forêt du Neuland lui arracha la tête. Dès lors, il ne put plus hurler de douleur. Cela dit et entre nous, cet homme l'avait bien mérité, en dehors du fait qu'il collectionait les brindilles des arbres encore vivants ainsi que les deux-chevaux miniatures.
Sa femme, qui avait assisté à cette abominable scène, rentra chez elle, vers Sundhoffen, pas loin d'être la banlieue de Colmar, métropole de trois-cent mille habitants en cet an de grâce 2105. Quelle ne fut pas sa surprise, le soir-même, de voir rentrer au logis son mari, qu'elle croyait mort depuis déjà au moins trois heures et dix minutes. Elle lui dit en ces termes :
-Mais voyons, Mimi (c'était le surnom de Michel Tasseur), cela ne se fait pas de ressuciter.
-Oui mais moi, tu le sais bien, je n'ai rien à faire avec la loi.
C'était la vérité. Cet homme était un hors-la-loi. D'ailleurs, Michel Tasseur n'était qu'un pseudonyme. Son véritable nom était Robin Dubois. Et depuis l'apocalypse, qui n'avait été qu'un cuisant échec en 2050, ne rasant que la moitié des Etats-Unis ainsi que l'île des Mandarines (non, ça n'existait pas encore en 2005), la résurection, inventée en 2023 par M.Douste-Blazé, un illustre inconnu à ce jour, est bannie de la planète Terre, à l'instar du clonage et du Coca-Cola.
Ainsi donc, ce Robin Dubois était un vil escroc, parcourant de temps à autres les sentiers arrides du Fachostan (autrefois appelé "Alsace"), pour traquer les individus ayant des thunes plus que de raison. Il est un fait notable à propos de notre société qu'il convient de rappeler au passage : après l'apocalypse de 2050, les gens de la catégorie "riches et puissants" ne sont plus considérés comme souhaitables dans le monde civilisé. Ils sont condamnés à errer dans l'espace ô combien vaste et inextricable de la forêt du Neuland. Et du fait du réchauffement climatique depuis l'époque illustre des années 1990, des lions et autres bêtes sauvages errents également dans ces contrées reculées du Fachostan.

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18 avril 2006

Chapitre 2 : Back tou ze fioutcheure

-Ainsi donc, te voilà ressucité mon cher ami.
-Oui et cela m'est égal que ce soit illégal.
Et il ne mentait pas. Il n'en avait rien à faire de la loi. Il avait fait des études de droit et s'était reconverti un beau matin en hors-la-loi. D'aucuns diraient : "Un coup de chance, sans doute.". Mais ils se trompent. En effet, Robin Dubois était le descendant de Robin Des Bois. Le nom Des Bois avec été désanobli car les nobles avaient tous été décapités pendant la Révolution de 2037. A cette époque, la Belgique Wallone, la Suisse romande et Monaco se rattachèrent officiellement à la France, qu'on baptisa deux ans plus tard la Francomandie Wallone.
Ce jour de printemps 2105, le 32 février exactement (du fait du réchauffement climatique, le printemps se trouve depuis la réforme de 2028 entre le 20 février et le 12 avril, l'été entre le 12 avril et le 2 novembre, l'automne entre le 2 novembre et le 4 novembre, et enfin l'hiver entre le 4 novembre et le 20 février), Robin Dubois contemplait ses deux-chevaux, quand il eut une illumination. Il se rappela subitement d'une série de films des années 1980 (ça remonte, la thermonucléovision n'était pas encore inventée, il fallait ressortir la vieille et poussiéreuse télévision). Il s'agissait de films plus ou moins futuristes, dont je tairai le nom pour cause de droits d'auteurs, où le heros voyage dans le temps et doit finalement retourner vers le futur (non non je l'ai pas dit). Dubois se dit alors que ce n'était pas une si mauvaise idée de voyager dans le temps. Une personne avait déjà essayé l'aventure en 2078, un certain Tobbias Lindström, suédois et prix nobel de l'amour en 2080, à titre posthume plus ou moins, car ce dernier n'était jamais revenu de son escapade en 2005 d'après ses projets. Le dernier message qu'on avait réussi à capter à travers les archives de la téléphonie moderne, était : "Vafan, jag vill åka tillbaka, Paris förort nio-tre, Cocktajl Molotov!". Selon la récente traduction, il avait été pris dans la vague de violence qui secoua la France en octobre 2005, son véhicule de voyage intertemporel avait dû être carbonisé, ce qui l'empêcha de revenir en l'an 2078.
Il rechercha grâce au HAMBURGER (haut appareil de mesures booléennes uniquement roborative et gérées énergiquement par radiowaves), ancêtre de l'internet, quels avaient été les plans de Tobbias Lindström. Il trouva comment on fabrique un goddagyxskaft, ce qui a la forme d'un manche de cognée, et qui permet, à la vitesse ridicule de 200 km/h de passer d'un époque à l'autre.
Deux semaines plus tard, il avait réussi à tuner sa Renault Kangoo grâce aux plans de M. Lindström.

17 avril 2006

Chapitre 3 : Torino06

Robin Dubois décida avec sa femme Brigitte de la date à laquelle ils voulaient voyager. Après mure réflexion, il décidèrent de revenir en 2006, non pas pour sauver Tobias Lindström, qui avait sûrement déjà péri à cette date, mais pour aller assister aux jeux olympiques de Turin, tristement célèbres pour l'attentat perpétré lors de la cérémonie d'ouverture, revendiqué par Al Qaida. En parlant d'Al Qaida, qui n'avait connu sa fin officielle qu'en l'an de grâce 2096, à cette époque sévissait le très médiatique Oussama Ben Laden, qui justement avait revendiqué les attentats des jeux olympiques de Turin.
Robin et Brigitte partirent donc ce matin de février 2105 et programmèrent sur le tableau de bord leur arrivée pour exactement quatre-vingt-dix-neuf ans plus tôt. Ils s'étaient déguisés en touristes japonais du début vingt-et-unième, chose qui leur avait été assez difficile, car la mode vestimentaire et les appareils photos numériques de l'époque (dont étaient friands les touristes japonais) faisaient en 2105 l'objet de pièces de collections exposées dans des musées de toutes sortes. L'apparence physique des deux jeunes gens (en dehors des vêtements) était en fait assez proche du type asiatique de l'époque, car en cette époque, la tendance est l'expansion de l'empire sino-germanique dans l'Eurasie unifiée, mais ceci est une autre histoire. En organisant leur voyage spatio-temporel, ils s'étaient bien entendu gardés d'emporter avec eux des éléments trahissant leur réelle origine (à savoir le vingt-deuxième siècle pour ceux qui n'arrivent pas à suivre).
Le voyage fut plaisant, à part au niveau de le bretelle 2067/2066 (correspondant à un changement d'année, encore une fois pour ceux qui suivent pas). En effet, à cet endroit précis du temps, l'Afrique se sépara en deux morceaux suivant le fameux Rift, ce qui provoqua la formation de massifs montagneux et provoqua des tsunamis, tous bien contenus grâce aux récents systèmes de détection anti-tsunamis. Brigitte et Robin (pour casser la monotonie, intervertir les prénoms des deux protagonistes principaux - et finalement uniques - est une figure de style bien usitée - et appelée l'inversion - depuis la réforme de Jacques Langue concernant la langue française en 2087) arrivèrent finalement à Turin le 9 février 2006, la veille de la cérémonie d'ouverture.

16 avril 2006

Chapitre 4 : Djizeuss

Michel Tasseur (vous aurez compris qu'il s'agit de Robin Dubois, sinon, reportez-vous aux épisodes précédents) ne se doutait en rien de ce qu'il allait lui arriver au moment où il mit pied à terre - en descendant de sa Kangoo. Car, tenez-vous bien, il n'était absolument pas à Turin le 9 février 2006. Il était à Jérusalem, le jour de l'an 0 exactement. Il y avait eu un problème de conception du goddagyxskaft de la part de Tobbias Lindström. En effet, son ineptie (cherchez dans le dictionnaire si vous connaissez pas) résidait dans la longueur de l'objet : il était bien trop long et prenait l'exponentielle de la somme des racines carrées des écarts à la moyenne du temps qui vous sépare entre le départ et l'arrivée choisie ! Il avait fait un voyage dans le temps bien plus loin qu'il ne l'avait souhaité. Il réalisa ensuite que Tobbias Lindström avait dû connaître le même sort que lui, et que la citation du chapitre 2 (cf chapitre... 2) n'était qu'un canular issu d'une mésentente entre une formule de politesse et d'un manche de cognée, ce que veut dire "goddag, yxskaft" en suédois, et qui se traduit en vérité par "dialogue de sourds".
Mais revenons à nos moutons.
Il était donc arrivé à côté même de la crèche où Jésus vit le jour. Mais à sa grande stupéfaction, lorsqu'il regarda autour de lui, il ne vit que gabegies (voir dico) et abondance, grands palaces et villas toutes plus somptueuses les unes que les autres. Nulle part il ne vit la pauvre étable dont fait mention le nouveau testament.
-Diantre ! se dit-il. La Bible n'était en fait pas plus crédible que Jacques Chirac.
ERREUR D'ANACHRONISME ME DIREZ-VOUS. Eh bien non car Michel Tasseur connaîssait bien l'histoire de France de 1995 à 2007. Facile, me clamerez-vous (c'est pour pas répéter "me direz-vous"), à part la victoire de la France contre le Brésil en finale de la coupe du monde de football, rien ne s'est passé. Oui mais Michel Tasseur n'aimait pas vraiment l'histoire, il préférait les sciences.
Celui qu'on appelle aussi Robin Dubois chercha et chercha tout le jour suivant pour voir s'il n'y avait pas une trace du fameux Jésus ; il ne voulait pas croire à la plus grande escrocquerie de toute l'humanité. Finalement, le jour d'après, il vit enfin la scène qu'il attendait. Il avait sonné chez Jean-Albert et Marie-Jeannine à côté de la pizzeria locale (pas d'anachronisme, j'vous promet). C'était une sorte de villa-ferme où, dans l'espace vert et luxuriant entourant la puissante bâtisse, paissaient en nombre lions, tigres du bengale et moutons carnivores.
Il parvint à se glisser jusqu'à une fenêtre pour assister à ce qu'il recherchait. Et dans la salle principale, entouré d'un taureau et d'une mule blanche (et non pas d'un boeuf et d'un âne gris comme le dit la légende), criait et pleurait le petit Jé...rôme. Jérôme était un beau bébé de 1,456 kg et de 457 mm.
Michel Tasseur revint à sa Kangoo qu'il avait cachée dans une oasis et où l'attendait sa femme. Il lui raconta ce qu'il avait vu et lui avoua sa frustration et son excitation. Bien que les deux sentiments soient légèrement incompatibles, ils traduisent exactement la sensation qu'éprouvait cet homme ce jour-là.

15 avril 2006

Chapitre 5 : rencontres du troisième type

Ils repartirent vers le futur après avoir corrigé le goddagyxskaft afin de ne plus se tromper de date. Une fois arrivés, ils détruisirent leur machine à voyager dans le temps, ainsi que les plans permettant de la construire. "Bon débarras" se dirent-ils.
Soudain, ils eurent une rencontre du troisième type, le troisième qui passait par là. Il leur dit :
-Hé ! Mais que faites-vous ? C'est insensé. (on se croirait dans "Alice au Pays des Merveilles")
-Qui êtes-vous pour nous dire ce qui est insensé ? répliqua Robin Dubois.
-Je suis un Vénusien. Je viens de la planète Vénus.
-Oui, bon, ça va, on avait percuté.
-Comment ? Vous avez percuté Vénus ? Avez-vous au moins visité le schmilblik quand vous y étiez ?
-Il y a erreur, nous n'avons pas percuté Vénus, vous vous méprenez. (cette fois c'est pareil qu' "Alice au Pays des Merveilles")
-Auriez-vous, dans ce cas, l'obligeance de m'indiquer ce que vous avez percuté ?
-C'est une façon de parler courante ici, percuter veut dire comprendre.
-Je percute ce que vous voulez dire. Je n'ai pas l'outrecuidance de vous demander le chemin du retour vers Vénus, je présume fortement que vous n'en savez fichtrement rien.
-C'est diablement exact, de plus nous nous en contrebalançons au plus haut degré.
-Au revoir, Terriens.
Là-dessus, il partit. Après cet incident diplomatique, les deux jeunes gens mirent quelques minutes à se remettre d'aplomb. Ils avaient eu affaire au plus étrange individu qui soit : un Vénusien. En effet, les Vénusiens ne parlent généralement pas les langues terriennes, encore moins le Français. C'était donc un Vénusien exceptionnel. On vantait souvent le mérite des Martiens. Ces derniers n'en valaient plus la chandelle désormais, face à tant de supériorité.
Michel et Blandine (je me souviens plus de son nom, on n'a qu'à dire que c'est son deuxième prénom) rentrèrent chez eux avec le sentiment agréable de la tâche accomplie. Quelle ne fut pas leur surprise lorsqu'ils aperçurent (un seul "p") un Vénusien dans leur maison. Ce n'était pas le même Vénusien que tout à l'heure. Celui-là était petit et chauve alors que l'autre était grand et hirsute. Il sursauta lorsque Michel et sa compagne s'approchèrent (deux "p").
-Mais... que faites-vous là, ami Vénusien ? dit Michel Tasseur, très diplomatique ; vous remarquerez également que Blandine ne parle pas beaucoup, c'est pas très galant tout ça.
-Hej, vill du ha påtår?
Ce Vénusien parlait le Suédois, et pas le Français comme son coplanétaire (j'ai pas vérifié si ça existe). Ce fut le moment pour Blandine Tasseur d'intervenir, parlant couramment Suédois.
-Jag vill gärna ha lite kaffe, tack! dit-elle.
-Hur kommer det så, att ni kommer hemåt så tidigt då?
-Vi kommer hemåt inte tidigt, jag vill fråga dig hur kommer det så, att du var hos oss ?! s'exclama-t-elle.
(Comme vous ne devez pas comprendre grand-chose, je vais arrêter là, le dialogue étant de plus plat, plus plat qu'une huître.)
Là-dessus, l'extraterrestre se mit à tourbillonner dans tous les sens, ce cogna contre les murs et les casseroles, les 2CV miniatures et les ouadelahada au citron, mélange pour le moins hétéroclite et très étonnant. Il finit par sortir de la maison et par s'en aller vers ses pénates, à la vitesse superfulgurante de trente millions de moles par secondes, unité inventée par le père de Michel Tasseur en personne, Javier Fernando Tasseur.
Michel et Blandine, après tant d'étranges péripéties, finirent par aller se coucher, après avoir pris des cachets à base de plantes contre la nervosité.

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14 avril 2006

Chapitre 6 : Jean-Rachid

Le lendemain, le fils de Michel et Blandine, Jean-Rachid, leur téléphona. Il leur demanda s'il pouvait passer, il devait leur poser quelques questions à Michel et Blandine sur le système du corps humain prévu pour lutter contre les bactéries, ces cellules procaryotes qui font tellement de choses sympathiques. Ou Blandine et Michel. Mais de toute façon, le plus fragile entre la femme et l'homme, c'est bien-sûr l'homme. Donc "Michel et Blandine", c'est plus respectueux pour le plus faible (ça fait combien de "Michel et Blandine" ?).
En attendant leur fils cadet, Michel et sa femme (j'aime pas trop Blandine comme prénom, alors j'évite, vous comprendrez) firent une belote, puis un tarot. Puis ils firent un scrabble. Ils utilisèrent des mots comme : Vapalabafaitrofroa (72 points, Michel eut un trait de génie), Ouktannéfraumage (121 points pour blandine, mot compte double avec un K), Polauteh... Des mots fraîchement introduits dans les règles du Scrabble édition de l'an 2104.
Ils embrayèrent sur les révisions de leurs cours sur les bactéries : ils voulaient aider Jean-Rachid qui était en train de préparer le Broquéshnoque, un diplôme niveau bac+15 (quinze années détudes universitaires après le backshish).
Puis arriva Jean-Farid, qui sonna. (Ben oui, y a une pancarte "Sonner fort" chez Tasseur. -Où ça ? -Pas grave.)
-Tiens, je pense que ça doit être lui, dit Michel Tasseur, décidément pas très inspiré aujourd'hui.
Ils commencèrent par le comportement métabolique des bactéries. "Pourquoi l'appareil de Gogolgi était aussi complexe ?" était le débat principal de cette petite réunion de famille. Puis Jean-Farid demanda, à tout hasard :
-Quand est-ce qu'on mange ?
-Pourquoi, tas faim ?
-Non c'était juste pour savoir.
-Ah. Ben j'sais pas.
(Notez bien, au passage, la prépondérance de ce dialogue, accrue par son incommensurable intérêt)
Enfin, ils discutèrent du système permettant au corps humain de se défendre contre les bactéries. Entre les flores saprophyte et commensale, laquelle des deux finira par manger l'autre (ce sont des fleurs carnivores, si j'vous jure. AH des flores ? oubliez ce que je viens de dire) ? Quel est l'élément le plus important dans le revêtement cutanéo-muqueux ? Les défensines ou les sels biliaires ? Qui s'occupe de la desquamation ? (-MOI MOI MOI ! -nan pas toi tu l'as déjà fait la semaine dernière. -Rooohhh.) Le péristaltisme intestino-cervical était-il un facteur important dans la destruction du Wall Trade Center ?
Ils mirent au moins trois heures à discuter, papoter, jacasser, etc. Finalement Jean-Farid leur avoua que la raison pour laquelle il était venu n'était pas la préparation du Broquéshnoque.
-Vous savez, dit-il, je connais déjà tout par coeur.
-Ouuuuhhh le sale petit fils de...
Michel Tasseur s'arrêta là, les droits d'auteurs revenant à J.Mistler, que nous saluons au passage.
-En fait j'étais venu pour vous demander comment vous vous étiez rencontrés.
-Qui ça ?
-Ben, vous deux.
-Qui ça, nous deux ?
-Michel et Blandiiiine ! (avec un accent sur le i, ça fait plus quiche)
-AH. Fallait le dire plus tôt.
Michel commença le récit. Il s'était agi d'un ami commun, l'Abbé Pierre II, qui connaissait Michel d'un côté, Blandine de l'autre côté (de quoi je ne sais pas.). Lorsque Michel vit Blandine la première fois, il fut estomacqué, abasourdi, sur-le-cul (mot apparu dans le dictionnaire Larousse 2009), statufié, pétrifié, et que sais-je encore. Il était tellement tout ce que je viens de dire (vous avez qu'à relire j'en ai marre) qu'il n'eut pas la force d'en croire ses yeux. Encore moins celle de lui dire bonjour. Puis ils firent connaissance par la suite et patati et patata.
Jean-Rachid Karl Johan Edouard de son nom complet fut très satisfait de la réponse que lui apportèrent ses parents. Il s'en retourna chez lui avec le coeur léger, plein d'entrain et de motivation.

13 avril 2006

Chapitre 7 : Les lions du Neuland

Il fallut bien deux mois pour qu'il se passe un fait marquant du côté de Sundhoffen, petite bourgade buccolique mais néanmois bourrée de charme et de bonhommie, bordée par la belle forêt du Neuland. En effet, le tigre du Neuland qui avait tout bonnement décapité Michel au premier chapitre avait fait parler de lui. Il était cette fois entendu que notre héros se méfiait de la bête féroce, il ne faisait plus ses courses au ATAC du milieu du bois, ni son footing matinal à côté de la nationale 384. Il ne mangeait plus non plus de gigot de lion du Neuland, non pas que cette espèce était menacée (au contraire chers amis), mais que c'était par principe : "si tu ne veux pas qu'on te mange, ne mange pas les autres", selon un vieil adage du début des années 70 (à partir de 2070).
Notre lion était enfin parvenu à sortir de la forêt pour migrer vers la tourbière qui se trouvait près de la gravière de Wattwiller (c'est pas du tout le même coin mais bon, c'est pour faire de la consonnance à tire l'haricot). Cela posait problème aux hirondelles des marais endémiques à cet endroit, elles ne pouvaient pas supporter la vision d'un lion du Neuland, non pas que cela soit physiquement ni même physiologiquement explicable mais personne ne pouvait le savoir avant, les fauves des forêts n'ayant déménagé que tardivement.
Mais Michel Tasseur n'en avait rien à émincer de ces oiseaux, comme il se plaisait à le répéter pour un oui, pour un non, pour un beni oui oui, pour un nonobstant mal placé. Pour lui les hirondelles des marais avaient moins d'importance qu'un clouage clownesque (je prends des mots sur la même page du dictionnaire, oui). Lui, ce qu'il voulait, c'était éviter à quiconque le désagrément causé par un de ces prédateurs féculents (= qui comprennent de la fécule, allez savoir ce que Monsieur Larousse voulait nous faire passer comme message).
Il se mit en route, des plans bien arrêtés dans la tête. Il réussit à convaincre un ornithorinque du Neuneuland, la forêt voisine de celle du Neuland, de l'accompagner dans sa périlleuse et irénique (=de l'irénisme) aventure. Au fait, pendant qu'on en parle, tire l'haricot a remplacé vers 2087 l'expression du vieux français "tire-larigot" qui n'évoquait plus rien à plus personne.
Par un coup sur la chevillette du lion (la bobinette chut, comme vous vous en doutiez), tout fut réglé, l'ornithorinque n'avait servi à rien mais fut bien content du spectacle haut en couleur qui se déroula sous ses yeux. C'était tellement indescriptible que je ne vous le décrirai pas, par la force des choses (ça me fait marrer quand on dit "c'était indéscriptible" et qu'on commence à raconter les moindres détails).
Robin Dubois rentra chez lui en passant par le Neuneuland boire de la bière de Neuneu (drôle de nom, pour une bière, personne n'a jamais trouvé son origine) chez son ami ornithorinque. Michel Tasseur fut bien content de s'être rattrapé par rapport au premier chapitre, ça faisait déjà ça de gagné.

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